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La vie dans mon viseur

14 décembre 2013

Grand amour et amour grand

En accompagnant mon neveu à la maternelle, j’observais depuis un moment Béatrice, sa camarade de classe. Je m’étonnais de voir son visage s’illuminer chaque matin à l’arrivée de Junior et la grande tristesse dans ses yeux au moment de repartir. Béatrice, du haut de ses 2 ans et demi était une petite fille mignonne. Fruit du métissage entre un papa noir et une maman blanche, elle avait une jolie peau cannelle. Ses grands yeux noirs et ses cheveux frisés qui volaient de part et d’autre lui donnaient l’air d’un petit lutin fou. Elle était calme et gentille. Cependant elle pouvait se transformer en véritable tigresse si une fille osait s’approcher de mon neveu. Elle n’acceptait aucune concession, et giflait ou mordait quiconque lui faisait cet affront. Le comportement de la fillette lui valait les réprimandes de la maîtresse et causait un grand désarroi chez ses parents. Mais Béatrice souffrait surtout de vivre un amour platonique avec Junior. Car le bougre ne lui portait pas le moindre intérêt. Il ne se doutait même pas faire l’objet d’un trésor jalousement gardé.

Je m’interrogeais alors sur moi-même à leur âge. Difficile de remonter si loin dans ma mémoire. Plus difficile encore de me souvenir de mes premiers émois. Passé un certain âge, on a plutôt tendance à se concentrer sur ses échecs sentimentaux et à appréhender un futur incertain. Je pensais à ce qu’on appelle « le grand amour ». Pour quelle raison pensais-je que la jeunesse de Béatrice l’empêchait d’aimer ? Alors que la petite en présentait tous les symptômes. Douce maladie qui nous prend tous au cœur et au corps, sans distinction d’âge, de race, ou de religion. Après tout, ce qui est important dans le grand amour, c’est de le connaître. Au moins une fois dans sa vie.

J’ai longtemps maudit cupidon pour m’avoir décroché les mauvaises flèches, cependant je regretterais qu’il me sorte de son viseur. Sur mon chemin de croix, j’ai appris à aimer de toutes mes forces. Maintes fois mon cœur s’est enflammé. J’ai couru sur les ponts, j’ai pleuré sur mille oreillers, j’ai eu mal à en crever, mes souvenirs ne m’ont laissé aucun répit… Mais le comble du masochisme, c’est qu’après tant de désillusions le désir de tenter l’aventure est bien présent. Encore. Il y a des personnes qui se mettent des cadenas, moi j’aimerais me perdre à nouveau. Et maintes fois.

Parce qu’une fois qu’on le consomme, le grand amour est une drogue à laquelle on reste en addiction toute sa vie. Parce qu’il est un besoin vital pour l’être humain d’aimer et d’être aimé. Parce que l’on se sent vivant….

Alors pleure Béatrice, ce n’est que le début d’une longue série de larmes. Mais elles te préparent pour ton véritable grand amour. Un amour sincère, réciproque et qui ne fait pas mal. Pleure, parce que personne n’a jamais tatoué un cœur d’une encre indélébile. Pleure, parce que la douleur se transforme en sagesse au jour de la libération.

 

G.Z

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  • Ils m'ont dit pourquoi tu n'écris pas? C'est ce que j'ai fait. La vie dans mon viseur, est un blog qui a pour but de faire partager mes sentiments sur la vie que l'on vit ou que l'on subit. Sur les rapports humains, notre rapport au monde
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